C’est en automne, au petit matin, lorsque la brume s’élève du fleuve, ne laissant apparaître que le fort de Charlement, symbole d’un territoire de résistance et de lutte, que l’on comprend et discerne la force et le mystère de ce bout de terre perdue à l’extrémité de l’Ardenne française. Tel un coin enfoncé dans la Belgique frontalière, cette pointe des Ardennes est aujourd’hui injustement délaissée, oubliée. Les industries ont fermé les unes après les autres, les commerces ont suivis, l’armée a quitté son fort, les collégiens et les lycéens s’exilent vers la Marne, le temps s’est arrêté.
Charles Quint en a fait une place forte en 1555, en décidant de la construction du fort de Charlemont qui domine la Meuse et sera associé aux grandes dates de l’histoire de France, 1870, 14-18 et 39-45.
La forêt ardennaise, l’eau de son fleuve, la présence d’une centrale nucléaire, n’ont pas été, jusqu’à présent, des atouts suffisants pour contrebalancer son enclavement et peut-être le manque de vision de ses décideurs publics.
Les soins médicaux sont à chercher en Belgique, les lieux de vie et d’expression de la jeunesse aussi, le courant immuable des eaux grises de la Meuse ne charrient plus désormais que les regrets, les souvenirs et la nostalgie d’une époque révolue.
Cependant la ville de Givet n’a jamais été aussi accueillante, sa pierre bleue jamais été autant mise en valeur, son fleurissement a rarement été aussi coloré et abondant et pourtantn paradoxe de la réalité, de moins en moins d’habitants sont là pour en profiter.
Comme ces hivers rigoureux, encore un temps révolu, changement climatique oblige, plus de froid intense permettant de traverser à pied la houille, les fêtes sont devenues autant de rendez vous pour se souvenir d’une effervescence passée, pour se convaincre que la vie continue, que l’avenir nous appartient encore, que demain sera un autre jour.
En écrivant ces quelques lignes je me trouve soudain bien pessimiste, sans doute bien injuste, avec une ville que j’aime, des habitants auxquels je m’identifie, moi qui y suis né, y ai grandi et qui ai toujours autant de plaisir à y revenir et de fierté d’en être originaire.
La voie verte et les bateaux électriques, le restaurant flottant et le tourisme fluvial sont autant d’activités estivales qui contribuent à rendre cette petite ville agréable, qui invitent à prendre le temps d’observer le cours de la Meuse et de s’abandonner à la flânerie, à la rêverie.
Pour ceux qui veulent faire du sport, se détendre, bouger, courir, rien de mieux que l’espace nautique, la voie verte,…la pêche!
Rien n’est jamais définitif, les stratégies évoluent, les réalités changent, ce qui semblait un handicap peut devenir un atout, l’avenir est encore à écrire, à imaginer, il ne faut pas renoncer au mystère de l’avenir.